home | Facteurs de pianos en France


 

LEPICIER
à Paris & à Angers (°1866)

1886

LA MANUFACTURE DE PIANOS LÉPICIER
(ANGERS ET PARIS)

"De grands perfectionnements ont été introduits, depuis une vingtaine d'années, dans la fabrication des pianos.

Aux pianos plats, encombrants et mal commodes ont succédé les pianos droits, à cordes verticales ou obliques, dans lesquels l'art du facteur est parvenu à trouver les mêmes ressources de sonorité et de solidité que dans les instruments primitifs les mieux conçus.

Le croisement et l'obliquité des cordes ont permis, en effet, aux fabricants modernes de ne rien sacrifier de leur longueur et d'en obtenir le maximum de sonorité, tout en réduisant, dans de notables proportions, les dimensions de l'instrument et de la caisse élégante qui lui sert d'enveloppe.

Nous avons pu nous en convaincre en visitant récemment, à Angers, une manufacture de pianos très ancienne, dirigée depuis 1866 par M. Lépicier qui a donné à cette entreprise une très grande impulsion.

C'est, d'ailleurs, un praticien très expérimenté dans cette partie et c'est parce qu'il y a apporté toutes les connaissances d'un véritable spécialiste, que la maison s'est rapidement développée et que sa réputation n'a fait que grandir depuis une dizaine d'années.

Son extension a été si considérable, ses affaires avec le Maine-et-Loire et les départements limitrophes sont devenues si importantes qu'il s'est vu, en 1882, dans la nécessité d'installer à Paris un établissement où l'on fabrique en grand le piano pour Paris et la province en général, tandis que la maison d'Angers est plus particulièrement destinée à satisfaire aux demandes plus proches de la région elle-même.

M. Lépicier fabrique huit types de pianos correspondant à tous les besoins du public, depuis le commençant jusqu'au dilettante et au compositeur, c'est-à-dire depuis le piano courant à cordes vertÍcales jusqu'au piano riche à cordes obliqnes, eu passant par une série de modèles intermédiaires, tous travaillés avec les soins les plus consciencieux, au point de vue des qualités fondamentales de l'instrument en lui-même et ne différant que par les dimensions ou par la décoration extérieure de la caisse.

Une des qualités essentielles qui caractérisent ces pianos, sans distinction de prix ou de valeur extérieure, c'est leur grande sonorité, c'est l'ampleur des sons et leur homogénéité aussi parfaite dans les dessus que dans le médium et dans les basses.

Dans ses modèles les plus simples, l'habile facteur a su créer des combinaisons qui procurent à ces instruments une sonorité qu'on ne trouve ordinairement que dans les pianos de grande facture.

Nous n'entreprendrons pas d'entrer dans les détails de cette fabrication d'un genre tout spécial dont les méthodes et les procédés, dont la structure et les proportions sont l'œuvre exclusive de M. Lépicier, et assignent à ses instruments leur véritablecaractère, et à sa marque le légitime renom d'une marque de premier ordre.

Mais, ce que nous pouvons dire; c'est que les lettres qui lui ont été adressées, depuis plusie urs années, des principales villes de France par un grand nombre de facteurs et de marchands de pianos dépositaires de ses instruments, sont unanimes à reconnaître leur supériorité, particulièrement cette sonorité discrète et veloutée si agréable, qui se prête si bien à toutes les nuances musicales et qui fait du piano, avec tant de ressources précieuses d'orchestration, le roi des instruments.

On y constate surtout ce rare mérite, auquel nous avons déjà fait allusion, que le timbre est clair, net, brillant et homogène dans toute l'étendue du clavier, ce qui revient à dire que la sonorité possède une égale ampleur, sans dureté, sans aigreur, dans les dessus comme dans toutes les autres notes.

C'est là une qualité précieuse qu'on ne rencontre guère, il faut bien l'avouer, dans les pianos de facture courante et c'est ce qui donne aux pianos de cette maison une place à part dans ce genre de fabrication.

Ajoutons que la transition, des cordes graves aux cordes d'acier, a été si habilement ménagée que le son du clavier tout entier affecte une homogénéité irréprochable rarement obtenue dans les instruments de cette nature, et qui tient autant à l'ampleur des vibrations qu'a la qualité des cordes, et à toutes les dispositions de la structure intérieure dont les moindres détails ont été l'objet des plus grands soins.

Tous les types de pianos de cette maison, dont les prix varient, suivant leur format et leur décoration extérieure, sont construits en palissandre ou bois noir, simples ou richement décorés, tous à 3 cordes, 7 octaves, boulonnés et consolidés de barres de fer qui n'altèrent en rien leur belle sonorité et ne diminuent aucunement leurs longues vibrations; tous, disons-nous, sont garantis pendant dix années.

La solidité de leur construction, dans laquelle n'entrent que des bois bien séchés avec soin, inaccessibles aux influences atmosphériques, excès de chaleur ou d'humidité, assure aussi à l'accord une persistance hautement appréciée des artistes.

Très soignés extérieurement enfin, qu'ils soient sobres ou richement décorés, ce sont des instruments relativement peu coûteux, eu égard à leurs grandes qualités. Rappelons, en passant, qu'ils ont été honorés des plus hautes récompenses dans toutes les expositions où ils ont figuré.

A tant d'égards, une entreprise si largement conçue et qui a déjà rendu -tant de services, méritait d'être étudiée dans notre journal et nous nous faisons un devoir de féliciter M. Lépicier des perfectionnements qu'il a introduits dans ses méthodes de fabrication et de la légitime réputation qu'il a su conquérir à ses instruments partout où ils ont pénétré, et qui assure à son établissement un des premiers rangs dans son industrie. G." Le Panthéon de l'industrie : journal hebdomadaire illustré, 25/07/1886, p. 227-228 (gallica.bnf.fr)


1892

"Feu assez important, hier soir, dans la fabrique de pianos de M, Lépicier, 119, rue de Montreuil. Il a été éteint après une heure de travail." Le Figaro, 16/10/1892, p. 3 (gallica.bnf.fr)

"Un violent incendie a dévoré ce matin les ateliers de fabrication de pianos de MM. Lépicier et Grolleau. Les pertes sont considérables; le feu n'est pas encore éteint." Le Figaro, 13/11/1894, p. 3 (gallica.bnf.fr)

Pour les références voyez la page
pianos français 1850 - 1874


 © Copyright all rights reserved