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ROUSSELOT Louis
à Nîmes (°1833)

1840

TOULOUSE - "M. Rousselot, de Nismes, est également inventeur de quelques nouveaux procédés. Ainsi il peut, au moyen d'une mécanique bien simple appliquée au piano, rendre le clavier doux ou dur au toucher.

Mais cet effet ne peut se faire progressivement comme sur les pianos de M. Martin. M. Rousselot a également substitué des ressorts, à boudin à ceux à frottement ; ce qui donne plus de force l'échappement, et de grandes garanties pour la solidité.

M. Boisselot présente plusieurs innovations. Il a imaginé un mécanisme pour les marteaux du piano, à axe fixe et à vis de rappel, qui sert de régulateur.

Cette combinaison permet, en cas d'accident, de réparer les marteaux isolément, au lieuque dans les mécanismes anglais, francais ou allemands, pour la moindre réparation, il est indispensable de démonter une série de douze marteaux.

Ces derniers peuvent encore attaquer, par une oscillation contraire, des notes qui ne leur sont point destinées.

M. Boisselot a encore inventé un piano à petite queue, avec barrage par dessous.

Ce barrage a été reconnu excellent par la commission de l'industrie, parce que ce système donnait une grande solidité à l'instrument, puisque le sommier des pointes et celui des chevilles ne fesaient plus qu'un seul corps avec la barre de dessous.

Cette construction donne en outre au son beaucoup d'intensité. Mais ce qui mérite les plus grands éloges, et ce qui peut être considéré comme un progrès et une invention éminemment utile, c'est le piano clédiharmonique. Tout le monde sait que le piano offre de grandes difficultés pourmonter deux cordes à la fois en leur fesant tenir un parfait accord.

Cette difficulté semblait devoir rester inhérente à la fabrication du piano; cependant M. Boisselot, par de grandes études et des épreuves réitérées, vient de remédier à cet inconvénient en inventant le clédiharmènique.

Cette invention n'a d'autre but que de simplifier l'opération de l'accord en la mettant à la portée de chaque pianiste, et lui permette demonter à la fois et avec la plus grande facilité les deux cordes, en les maintenant à l'unisson parfait aumoyende clés à vis sans fin, de roue d'engrenage, vis de pression, poulies, ovales, etc, etc., le tout formant un mécanisme des plus ingénieux et desmieux combinés, et par lequel toutes les chances d'un' bon accord sont prévues.

Un tel résultat est un pas immense dans l'art de la facture des pianos, parce qu'il résout un problème qui jusqu'à ce jour n'avait point été résolu,malgré toutes les recherches des facteurs.

Après avoir constaté et jugé ces différentes inventions, nous avions à prononcer sur lemérite de chacundes instrumens des exposans.

La besogne devenait rude, parce que le nombre de ces instrumens était considérable, et que l'industrie de chacun des fabricans pouvait se ressentir de notre décision. Cependant nous n'avons reculé devant aucune de ces corisidérations. Forts de notre mandat, pénétrés. de nos devoirs de jurés, nous avons jugé tous ces pianos, et nous allons avoir l'honneur de rendre compte de nos jugemens.

Après avoir établi des catégories, les pianos carrés à deux cordes ensemble, ceux à trois cordes, les pianinos, les pianos à petite queue et ceux à grande queue; après les avoir essayés de toutes les manières; après les avoir comparés entr'eux, pesé le fort et le faible des uns et des autres, le juri a trouvé qu'en première ligne se présentaient MM. Pleyel et Pape, facteurs de Paris, dont la réputation est européenne.

Mais ces artistes sont si haut placés, ils ont un mérite si incontestable, ils ont été couronnés si souvent pour l'excellence de leurs produits, que le juri pas cru devoir faire entrer leurs instrumens en lutte avec ceux des différens facteurs du midi de la France.

M. Mazel, qui est leur 1e présentant à Toulouse, a dans ses magasins les meilleurs pianos qui soient sortis de leurs ateliers, et tout ce que nous pourrions dire n'ajouterait rien à leur réputation. Nos pays méridionaux possèdent deux facteurs de pianos qui peuvent rivaliser avec les premiers de Paris pour quelques-uns de leurs instrumens : ce sont MM. Boisselot de Marseille, et Rousselot de Nîmes.

Ces artistes ont exposé des pianos à queue qui réunissent à une grande élégance, à une solidité à toute épreuve, les qualités si essentielles de la sonorité, de l'égalité dans le clavier, et de la perfection dans le mécanisme.

Une discussion très vive s'est engagée au sein du juri sur le mérite de ces instrumens ; il a déclaré à l'unanimité que MM. Boisselot et Rousselot ne le cédaient en rien aux plus habiles facteurs de la capitale pour la fabrication des pianos à queue, et qu'ils pouvaient rivaliser avec eux, si même ils n'établissaient à de meilleures conditions et à des prix moins élevés.

Les instrumens de ces messieurs possèdent des qualités du premier ordre ; tous deux ont établi de ces pianos à deux et à trois cordes qui ne laissent rien à désirer dans aucune partie de leur facture.

Il était donc impossible d'établir la supériorité de l'un sur l'autre : cela devenait d'autant plus difficile, que les instrumens n'était pas identiques dans leur ensemble.

Ainsi, les pianos à petite queue de M. Rousselot ont quatre pouces de longueur en plus que ceux de M. Boisselot, et la qualité du son pouvait avoir, par cette raison, plus d'éclat çependant la différence est peu sensible. 

De même que dans les pianos à grande queue, ceux de M. Rousselot ne sont armés que de deux cordes jusqu'au fa, cinquième ligne, clé de sol, tandis que ceux de M. Boisselot ont trois cordes dans toute l'étendue dit clavier.

Quoique ces derniers aient plus de son par cette cause, les instrumens de M. Rousselot ont un mérite bien grand aussi, puisque avec une corde demoins ils produisent de fort beaux effets de sonorité, et peuvent rivaliser avec ceux de M. Boisselot.

Cependant l'importance de l'industrie devant entrer en lutte avec l'excellence des instrumens, le juri a reconnu que M. Boisselot l'emportait sur MM. Rousselot et Moitessier, de Nîmes, et il a décidé que M. Boisselot aurait une médaille d'or pour la bonté de ses pianos à queue, son piano clédiharmonique, ses inventions diverses et l'importance de son industrie.

Il a encore arrêté que MM. Rousselot et Moitessier, de Nîmes, auraient une médaille d'argent avec éloges pour l'excellente facture de leurs pianos à queue. Nous avons à rendre compte de notre jugement sur les pianos carrés à trois et à deux cordes, de MM. Boisselot, Rousselot, Cropet et Martin.

Les pianos carrés à trois cordes ont présenté au juri de grands défauts ; chez les uns, le son était sec et le clavier dur ou empâté ; chez d'autres, les sons graves écrasaient ceux du médium ; d'autres encore paraissaient être couverts d'une sourdine ; enfin ces instrumens offraient des défectuosités si patentes, que le juri les amis hors de concours, donnant ainsi une leçon sévère aux facteurs, et les avertissant qu'ils avaient de grandes améliorations à introduire dans ce genre d'instrument.

Les pianos à deux cordes ont offert dés résultats satisfaisans, et ceux d'un petit format ont mérité les éloges du juri. La bonté de ces petites instrumens, la modicité de leur prix, qui les met à la portée des plus minces fortunes, ce qui permettra à l'art de se répandre chez les classes les moins aisées de la société, tout faisait un devoir au juri d'encourager ces produits de notre industrie.

ll a été très satisfait de voir que ces instrumens étaient soignés, que le son en était d'une excellente qualité et lamécanique très solidement établie. Les facteurs qui méritent des encouragemens pour ces instrumens sont MM. Martin, de Toulouse, et M. Rousselot, de Nîmes.

Ce dernier avait envoyé un piano de meilleure qualité que ceux de M. Martin ; mais cet instrument étant arrivé après que le jugement avait été rendu, il a été écarté du concours, et la préférence est restée aux pianos de M. Martin.

Il a été accordé à ce facteur, pour ses pianos carrés à deux cordes, son gymnase digital, instrument dès plus recommandables pour le développement et la souplesse des doigts, etc., ses différentes inventions, a fin de l'encourager dans les efforts qu'il fait journellement pour le perfectionnement de ses instrumens, une médaille d'argent.

MM. Boisselot, Martin et Cropet ont exposé chacun un piano droit. Celui de M. Boisselot est un meuble en palissandre, forme moyen-âge, du style le plus gracieux et le plus élégant. Celui de M. Martin est un secrétaire-piano qui sert à la fois de bureau ; l'invention en est fort ingénieuse et lemeuble aussi des plus élégans et des plus riches.

Le piano droit de M. Cropet est tout simplement un piano droit fort gracieux et surtout fort bon. Ce piano a lutté avec avantage contre ceux de M. Martin et Boisselot, qui sont cependant fort remarquables.

Le juri a trouvé l'instrument de M. Cropet supérieur, et lui a accordé une médaille d'argent en récompense du laient et des soins qu'il a déployés dans la confection de cet instrument." Exposition des Produits des Beaux-Arts et de l'Industrie : Dans les galeries du Capitole à Toulouse en 1840, p. 106-107 - Voir BOISSELOT de Marseille (°1827) -   MARTIN de Toulouse (°1810) et CROPET de Toulouse (°1840)


1845

TOULOUSE - "Dix facteurs de pianos ont placé des instruments à l'exposition de Toulouse. Ce sont MM. Erard, Pleyel, Liegant, Paurelle de Paris, Rousselot de Nimes, Boisselot de Marseille, Cropet, Lalaste et Kœnigs de Toulouse. Je parlerai d'abord des facteurs locaux qui méritent spécialement d'étre encouragés. [...]

M. Rousselot, facteur à Nîmes, présente divers pianos qui se distinguent par une construction solide et une assez bonne qualité de son; mais il est à regretter que M. Rousselot, qui est établi depuis plusieurs années et honorablement connu, ne fasse pas des efforts plus remarquables pour se rapprocher des bons modèles que Paris lui fournit.

A côté du piano de M. Rousselot, nous avons pu essayer un instrument de Pleyel et un d'Érard de même dimension, et nous avons été forcé de trouver à ces derniers une immense supériorité.

M. Rousselot nous paraît être resté stationnaire ; il faisait, il y a quelques années, de bons pianos, il travaille encore aujourd'hui avec la même conscience, mais il est demeuré bien en arrière du progrès." Revue et Gazette Musicale, 24/08/1845, p. 258

TOULOUSE - "267. Rousselot (Louis), fabric. de pianos à Nîmes.
Deux pianos droits.
Un carré, à trois cordes.
Un à queue." Exposition de Produits de Beaux-Arts et de l'Industrie, Toulouse, 1845, p. 107

TOULOUSE - "Médailles d'Or. MM. ROUSSELOT et Comp.e, à Nîmes (Gard), Ont exposé des pianos droits, des pianos carrés et un piano à queue petit format.

Ces instruments se recommandent en général par la pureté du son, l'égalité et la facilité de leurs claviers. Les pianos carrés ont été jugés préférables aux pianos droits. MM. Rousselot n'ont exposé qu'un piano à queue petit format.

Cet instrument a paru fort bien établi, la qualité de son en est belle, le timbre des notes supérieures est argentin, lemilieu sonore, et les basses ont une grande puissance.

Cet instrument a été comparé par le juri à un piano du même format de Pleyel ; il a soutenu la comparaison avec honneur ; c'est lui faire une belle part d'éloges.

Le juri a reconnu dans les oeuvres de ces facteurs des qualités essentielles ; ils occupent un nombreux personnel d'ouvriers et ils confectionnent dans leurs ateliers tout ce qui a rapport aumécanisme du piano, soit en ouvrage de fonte, fer, cuivre, etc., ce qui leur permet d'établir leurs instruments à des prix modérés, tout eu les rendant solides et durables.

Par toutes ces considérations, le juri décerne à MM. Rousselot et Comp.e une médaille d'or." Exposition des Produits des Beaux-Arts et de l'industrie : A Toulouse dans les galeries du Capitole, 1845, p. 172-173 (Rosalis)

TOULOUSE - "Après ces pianos, dont la supériorité n'est contestée par personne, viennent ceux de M. Rousselot de Nîmes, malgré quelques imperfections.

Ainsi les sons du clavier dans les pianos droits n'ont pas l'égalité qui constitue un instrument parfait; mais les pianos carrés semblent meilleurs; en général leur son est pur et égal; le prix en est fort modique; le piano à queue est aussi d'excellente qualité.

Nous devons remarquer que la maison Rousselot fabrique elle-même tout ce qui entre dans la confection de ses instruments." Journal de Toulouse, 23/07/1845, p. 4 (Rosalis)

Pour les références voyez en bas de la page
pianos français 1830 - 1839


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