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METZNER Camille
à Paris (°1875)

1884

  "CAMILLE METZNER

Nancy-Artiste vient d'être douloureusement frappé dans la personne de son fondateur et directeur : M. Camille Metzner a succombé dans la nuit du vendredi 28 mars à un mal inexorable qui le retenait depuis plusieurs mois éloigné de ses affaires et de son journal. La maladie qui ne s'était pas manifestée tout d'abord avec une rigueur mortelle avait laissé presque jusqu'au dernier jour l'espérance à sa famille et à ses amis : le coup qui a mis fin brusquement à cet espoir trompeur n'en est que plus cruel.

Il ne peut pas entrer dans la pensée des collaborateurs de M. Metzner de publier ici une biographie et encore moins un éloge : l'homme modeste et simple qu'ils regrettent n'en voudrait point et c'est par des hommages discrets et intimes qu'il convient d'honorer sa mémoire.

Qu'il leur soit permis pourtant de lui consacrer cette première page en deuil, d'y réunir les témoignages de sympathie que ses confrères de la presse nancéienne se sont empressés de déposer sur son cercueil, d'y redire enfin sans prétention et sans développement ce que disait unanimement la foule émue qui lui a fait cortège jusqu'à sa dernière demeure : c'est que Camille Metzner était à la fois un excellent coeur et un remarquable tempérament artistique.

Caractère avenant et ouvert ; sans ambition comme sans envie ; heureux de mettre son beau talent avec un désintéressement infatigable au service de toutes les bonnes oeuvres : tel était l'homme. Quant à l'artiste, il était îuni des dons les plus précieux de l'oreille et des doigts.

Elève brillant du Conservatoire de Leipzig-, où il était le camarade de classe du célèbre Ritter, il avait développé ses aptitudes naturelles par de fortes études musicales. S'il lui avait été donné de poursuivre sa carrière de professeur et d'exécutant, il se fût élevé sans aucun doute à un rang hors de pair, antson organisation était riche et tant était surprenante la facilité distinguée et originale qui avait survécu en lui — aillissante et primesautière comme au premier jour— même après l'abandon qu'il avait fait de la vie d'artiste depuis ces ix dernières années.

Il aimait l'art avec une passion éclairée ; il désirait ardemment voir les institutions musicales se multiplier et rospérer à Nancy ; c'est pour y aider dans la mesure de ses moyens qu'il prit à coeur de fonder uu organe spécial de la usique et des Beaux-Arts. Nancy-Artiste n'a pas d'autre origine que cette unique et saine intention.

Ce n'est pas sans ppréhension que Camille Metzner lança cette feuille hebdomadaire ; le premier numéro en témoigne, et quand il s'en ntretenait librement avec ses collaborateurs, ni lui ni eux ne se doutaient, hélas ! que ce serait sa propre vie qui finirait vant celle de son journal.

C'est ainsi pourtant : l'homme est parti et l'oeuvre reste. Si modeste qu'elle soit, ceux qui ont commencée avec lui tiennent à honneur de la continuer encore, sous la forme première que son regretté fondateur m a donnée, en attendant le jour prochain où ils auront avisé à lui assurer l'existence et où ils seront eux-mêmes fixés M sa destinée.

On lit dans le Journal de la Meurthe du 30 mars :

Nous apprenons avec regret la mort de l'un de nos plus sympathiques concitoyens, M. Metzner , éditeur de musique à Nancy, qui vient de succomber à la suite d'une maladie aussi imprévue que douloureuse.

Depuis la création de Nancy-Artiste, M. Metzner était entré dans la presse nancéienne et c'est au double titre de confrère et d'homme affable et serviable que nous déplorons aujourd'hui sa perte.

En outre, M. Metzner , par son expérience musicale, a rendu à Nancy de nombreux services, soit au théâtre, soit au public des amateurs et des artistes qui s'uniront à nous pour exprimer un sincère regret de sa fin prématurée.

Dans le Progrès de l'Est du 1er avril :

Les obsèques de M. Metzner , directeur du journal Nancy-Artiste, ont eu lieu dimanche à trois heures. Nous devons cette justice à notre confrère décédé : par ce temps de feuilles à tapage ou à scandale, il avait su fonder une publication sérieuse, honnête, saine, d'un tour élégant et fin. Il avait groupé autour de lui des collaborateurs de talent, sérieusement épris de l'art, le servant avec une passion aussi désintéressée qu'ardente.

Né à Nancy d'un père d'origine étrangère, M. Metzner s'était fait naturaliser français. Le journal qu'il a créé s'est appliqué à faire aimer les chefs-d'oeuvre de nos compositeurs nationaux. Il était écrit dans une langue excellente. Il mériterait de ne pas disparaître. La province n'a pas assez de ces publications spéciales où l'art et les artistes sont appréciés par des connaisseurs exercés et des amateurs délicats. C'est l'honneur de M. Metzner de l'avoir compris et de l'avoir fait comprendre autour de lui.

Dans le Courrier du 1er avril :

Dimanche après midi, une foule nombreuse conduisait à sa dernière demeure la dépouille mortelle d'un de nos concitoyens les plus justement estimés, M. Camille Metzner , éditeur de musique et directeur du Nancy-Artiste. Il était à ce dernier titre un de nos confrères depuis un peu plus d'une année ; nous avions pu, par suite, apprécier son caractère aimable, son esprit enjoué et ses connaissances artistiques.

Il avait su réunir autour de lui de distingués collaborateurs et le Nancy-Artiste avait été immédiatement remarqué pour la compétence des critiques artistiques qu'il contenait et le beau style dans lequel elles étaient rédigées. Très bon musicien, M. Metzner était on ne peut mieux en situation de diriger une publication de ce genre.

Il meurt jeune, laissant une famille à laquelle les nombreuses sympathies dont elle est entourée auront bien du mal à rendre moins douloureuse la perte qu'elle déplore.

Dans le Petit Nancéien du 30 mars :

Nous avons la douleur d'annoncer la mort de M. Metzner, le fondateur du journal musical Nancy-Artiste.

M. Metzner dont le jugement en matière d'art était si sûr, emporte avec lui tous les regrets de ceux qui l'ont connu.
" Nancy artiste : revue hebdomadaire de la musique & des beaux-arts, 03/04/1884, p. 1-2 (kiosque.limedia.fr)

Pour les références voyez la page
pianos français 1875 - 1899


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