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KROM André L.
te Utrecht (°1828)

1890

LA FABRIQUE DE PIANOS DE M. ANDRÉ L. KROM, À UTRECHT

"Inventeur du piano à double clavier n'est peut-être pas un seul de nos lecteurs ni de nos lectrices qui ayant, dans son jeune âge, étudié le piano, n'ait subi un véritable supplice dont nous conservons personnellement le sou venir : celui qui résulte de ce fait que les dimensions des touches étant calculées pour les doigts des adultes, l'enfant est condamné, pour produire des accords avec des notes éloignées dans la même gamme, d'écarter les doigts de la même main dans des proportions tout à fait fatigantes.

Il n'arrive jamais, quelque effort qu'il fasse, à produire l'octave ou même à frapper juste certains accords.

C'était un vrai problème que d'obvier à cet inconvénient, et il nous faut bien reconnaître que c'est un facteur hollandais, M. André L. Krom, chef d'une maison de pianos, fondée à Utrecht en 1879, qui vient de le résoudre.


Vue du piano à double clavier, dans sa position normale, Le Panthéon de l'industrie : journal hebdomadaire illustré, 05/1890, p. 167 (gallica.bnf.fr)

L'ingénieux procédé imaginé par M. Krom consiste non plus dans l'emploi de deux pianos, mais dans celui d'un piano unique à deux claviers, l'un adapté au doigté des grandes personnes, l'autre à celui des enfants et que l'on peut amener^à volonté au contact des cordes.

Nous devons dire, avant d'aborder la descripdu piano à double clavier, que cette maison hollandaise construit, en dehors de ce type si remarquable, des pianos ordinaires d'une magnifique sonorité, d'une:,douceur de touches tout à fait frappante.

N'hésitons pas à le dire néanmoins : c'est le piano à double clavier, une nouveauté que nous avaient signalée un grand nombre d'artistes, qui a particulièrement attiré notre attention et l'a le plus longuement retenue.

Vue du piano à double clavier, inventé par M. André L. Krom, d'Utrecht (Hollande), Le Panthéon de l'industrie : journal hebdomadaire illustré, 05/1890, p. 167 (gallica.bnf.fr)

Cette addition d'un clavier supplémentaire n'avait-elle pas imposé au constructeur des complications capables d'apporter un certain trouble dans le fonctionnement? Le contact des marteaux et des cordes ne risquait-il pas d'y être plus ou moins irrégulier et même d'être supprimé accidentellement ?

Les vibrations n'étaient-elles pas ainsi rendues incertaines,[inégales et même nulles quelquefois ?

Nos doigts nous ont sans la moindre peine fourni la preuve du contraire, et nous sommes même convaincu que, si nos lecteurs veulent bien examiner avec quelque attention la double figure que nous publions, ils reconnaitront, dans le mécanisme du double clavier, une simplicité qui exclut, en réalité, toute chance d'irrégularité dans le jeu de l'instrument.

Les deux claviers de dimensions inégales, superposés dans ce piano, n'apportent pas même un changement sensible dans la vue extérieure de l'instrument. Ils sont enfermés l'un et l'autre dans un cadre rectangulaire de fer ou de cuivre, et glissent dans une double rainure disposée à droite et à gauche de l'instrument.

Il suffit de faire basculer cet ensemble (mouvement qu'un petit enfant peut exécuter sans la moindre peine), pour que l'un ou l'autre des deux claviers vienne se placera la portée des doigts, sans qu'il se produise aucune espèce de dérangement dans le mécanisme.

Le marteau feutré se trouve, dans tous les cas, à la distance normale de la corde qu'il doit faire vibrer et leur contact a lieu avec une absolue régularité, assurant une parfaite régularité de son.

Nous avons appris qu'un de nos plus habiles pianistes, un de nos maîtres compositeurs français, M. Massenet, ayant eu, à La Haye, la curiosité de faire fonctionner un piano de ce genre, l'a jugé si utile, destiné à rendre de si grands services à l'éducation musicale des enfants, qu'il s'est hâté d'écrire à M. Krom une lettre très chaleureuse, pour le féliciter de son invention et lui prédire un très grand succès.

La prédiction de M. Massenet n'a guère tardé à se réaliser.

L'emploi du piano à double clavier est aujourd'hui à peu près général en Hollande et dans les Indes néerlandaises, et l'on peut annon cer, sans crainte d'erreur, que l'on ne tardera pas à en apprécier tous les avantages dans notre pays, Plusieurs grands maîtres de la Belgique, de l'Allemagne et de l'Autriche ont aussi félicité l'inventeur.

Voilà donc ce que M. Krom a fait pour les mains de nos enfants. Mais il n'a pas oublié, d'autre part, que, si les pianos d'adultes imposent aux mains des petits pianistes de si dures fatigues, ils condamnent, d'autre part, leurs pieds à une complète inertie, et les mettent dans l'impossibilité d'utiliser les pédales, qu'ils ne peuvent atteindre, du siège élevé où l'on est contraint de les installer.

Aussi M. Krom a-t-il créé pour les enfants, en même temps que le clavier spécial si ingénieusement placé à la portée de leurs doigts, un péda. lier spécial que leurs courtes jambes atteignent sans la moindre difficulté. C'est dans ce but qu'il installe sur un escabot ayant la hauteur voulue des pédales posées sur des sièges munies de ressorts.

Quand on a posé le pédalier devant les pédales ordinaires d'un piano, les tiges du pédalier supplémentaire se trouvent en communication avec elles et la pression des pieds de l'exécutant les met en action avec la même facilité que si un pied d'adulte pesait sur la pédale normale du piano.

L'enfant peut ainsi produire les mêmes effets qu'une grande personne. Voilà, on en conviendra, deux bien précieux services rendus à l'art musical.

M. Krom, qui, loin de ne se préoccuper que des seuls enfants, a pris toutes les précautions nécessaires pour mettre à la disposition de ses nombreux clients beaucoup d'autres types d'instruments, notamment des pianos à queue d'une grande perfection.

Ses orgues-harmoniums et surtout ceux du type américain, qui présentent de si excellentes qualités de sonorité, sont les plus agréables des instruments qu'il soit possible d'installer dans un salon, où leur extrême élégance de formes, où la beauté du noyer massif avec lequel ils sont construits produisent, du reste, un excellent effet décoratif, sans que leur prix d'achat impose à l'acheteur une dépense exagérée. M. Krom a tenu à nous en faire admirer les sons en exécutant sur leurs claviers un délicieux morceau de musique.

C'est bien là le véritable orgue de salon, dont la magnifique sonorité est néanmoins rendue si douce par l'habileté de la fabrication.

Tout cela est certes fort intéressant, mais nous nous croyons tenu de répéter que rien, dans les magasins de M. L. Krom, ne nous a intéressé autant que cette si utile invention du double clavier qui a encore le grand avantage de pouvoir s'appliquer et fonctionner avec tous les genres de pianos, quels qu'ils soient.

C'est un grand service que M. L. Krom a rendu à l'enseignement musical et il rentrait dans notre rôle, en passant à Utrecht, d'appeler sur ce perfectionnement l'attention du public." Le Panthéon de l'industrie : journal hebdomadaire illustré, 05/1890, p. 166-167 (gallica.bnf.fr)

 

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